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Introduction

Qu’est-ce que la littérature?

Questions de définitions.

Question première de la philosophie, la question ontologique par excellence : ques («qu’est-ce que c’est?»)

La discipline est la discipline qui crée les concepts.

On reste dans la discipline du qu’est-ce que : qu’est-ce que la politique, qu’est-ce que la morale, etc.

Contexte social de la littérature, acteurs, maisons d’édition (renommée, valeurs, approches différentes), etc. Au moment où cet ensemble d’acteurs change, cet ensemble change la définition de la littérature.

On pourrait dire : «la littérature, c’est ce qu’on peut retrouver dans le rayon de ‹littérature› d’une librairie»; et ce qui n’est pas de la littérature ne s’y trouve pas.

La réflexion sur la définition de la littérature n’est pas purement abstraite : c’est aussi une question pratique. Il y a une institutionalisation du fait littéraire qui contribue fortement à la formation des concepts. Les concepts ne sont pas qu’abstraits; ils sont matériels.

Le changement de support joue sur notre définition du support (ex. catalogage, publication d’un article avec certains mots-clés limités).

Les humanae litterae

Distinction fondamentale entre 2 types : textes et littérature.

Les humanae litterae pointaient vers des textes sacrés.

Distinction : se passionner pour les humanae litterae et les lire. On ne doit pas en être passionné, mais on doit les lire, les connaître.

La littérature, ce ne sont pas les textes bibliques (venant de la main de Dieu), mais les textes écrits par les humains; l’écriture humaine. La définition de l’humain passait autrefois par une définition du divin (question de ressemblance); la révolution fut de s’en affranchir pour étudier l’humain, par les textes profanes.

Notre réception des textes passe par la matérialité (transport des livres antiques entre les villes grecques; enterrement des livres sous terre; entreposage des livres dans les bibliothèques).


Aristote part de ce que les choses sont, telles qu’elles nous apparaissent; il part de ce qui est de l’usage commun.

Plotin détestait le corps (et donc l’écriture, qu’il pratiquait de manière automatique et négligente, en bavardant). Il soignait par ailleurs très mal son propre corps, si bien qu’il est mort jeune (c’est son élève Porphérie qui le relate). Ses textes sont pollués, mal écrits, très difficiles à comprendre (surtout en grec).

Opposition entre beauté et vérité : distinction «traditionnelle» entre écriture littéraire (qui se préoccupe surtout de l’esthétique) et écriture philosophique (qui se préoccupe surtout du logos, du discours, de la pensée).

Qu’est-ce que la philosophie?

Les représentations ne sont jamais neutres, ne sont jamais banales (ex. la barbe du philosophe, ne représente que les hommes).

(Plusieurs mots pour «amour» en grec; la philia est celui de la philosophie, le plus grand; il y a celui de l’eros, plus sexuel; etc.)

La philosophie n’est pas une discipline, car elle est, en tant que telle, une aspiration à la connaissance universelle. On aime la connaissance, au sens large. La philosophie n’est pas une discipline, mais une posture de recherche qui serait aujourdhui synonyme de science (ou de recherche).

Pour Platon : la philosophie n’est pas l’«amour» de la sagesse (ce serait plutôt de la connaissance). Le philosophe n’est pas un savant; c’est quelqu’un qui aime quelque chose, qui désire quelque chose; or, on ne peut désirer quelque chose qu’on n’a pas.

Le philosophe est donc un ignorant, quelqu’un qui cherche (la sagesse, la connaissance), car il l’ignore.


Biais dans ce cours :


Qu’est-ce que ce «et»?

Le «et» est un connecteur logique (juxtaposition de 2 choses).

Union, aspects communs? (entre philosophie et littérature)

3 axes

La littérature pense la philosophie

La représentation littéraire de la philosophie (sera examinée moins en profondeur dans ce cours).

La philosophie pense la littérature

La philosophie de la littérature (comme discipline de spécialisation).

La théorie de la littérature :

«J’aime savoir, la preuve c’est que j’aime percevoir le monde.» Savoir (selon Aristote), c’est d’abord percevoir le monde. C’est percevoir une sensation en particulier : la vue. Synonyme : «j’aime regarder le monde».

C’est grâce à la vue (sensation par excellence) que le monde se présente à nous, et qu’on peut comprendre le monde.

La vue présente un mode de connaissance particulier : rapport de domination. Selon les Grecs : le sens de la distance. C’est le seul sens qui n’implique pas de contact matériel (tandis que même l’ouïe présuppose une médiation matérielle). Les sens autres que la vue requièrent une proximité qui met en danger l’observateur (je peux te toucher, donc tu peux aussi me toucher). Symétrie des sens (tu me touches, je te touche); on devient à la fois sujet et objet.

La vue permet une mise à distance (ex. une agression à distance en envoyant des symboles de pouvoir). Non réciprocité (je peux te voir sans que tu ne me voies).

La distance est un paradigme encore profondément enraciné dans la recherche (on doit avoir une certaine distance vis-à-vis de son sujet).

Merleau-Ponty : pensée de survol, comme l’aigle qui voit ce qui se passe au-dessous de lui, mais sans en être immergé, donc sans en avoir une véritable connaissance. En même temps, l’immersion suppose la subjectivité, donc l’absence d’objectivité (que cherche la mise à distance).

Connaissance qui implique un pouvoir.

La littérature fait de la philosophie

Elle pense au-delà des limites de la philosophie, au-delà des limites de la philosophie et, enfin, permet d’anticiper la philosophie.

Il y a des choses que nous ne pouvons pas dire. Pourquoi? Parce que la logique nous empêche des les dire. Principe logique fondamental : principe de non-contradiction (une chose ne peut pas être elle-même et son contraire).

La littérature arrive à dire une chose et son contraire (rhétorique). Ex. métonymie, ironie. Dire «Ah, quel beau panorama!» dans un local morne et sans fenêtres revient à faire de l’ironie (on dit 2 choses en même temps; et ce n’est pas la même chose que de dire qu’il n’y a pas de panorama).

La littérature permet d’anticiper la philosophie. La philosophie est toujours en retard. Elle n’est jamais à la mode, on pense toujours des choses qui ont toujours été pensées.

Un corpus

Il s’agit d’un cours institutionnel, ce qui signifie qu’on présente du contenu consensuel (vs un cours de recherche, où on peut présenter des hypothèses, des théories non encore acceptées, etc.)

Il faut d’abord avoir une connaissance des bases, des fondements, pour ensuite pouvoir faire de la recherche.

Qu’est-ce qu’un classique? Selon quelle autorité?

Idée des cultural studies : tous les textes (littéraires ou non, comme le manuel d’instruction d’un lave-vaisselle) pourraient mériter d’être lus, selon leurs dispositifs de pouvoir et le système de valeurs qu’on leur attache.

Les cultural studies ont profondément impacté le milieu universitaire (ex. cours sur la bande dessinée, philosophie du pot, étudier la publicité ou les séries de télévision, etc. sont devenus normaux). On peut remettre en question la hiérarchie parce que nous savons que les objets institutionnaliss sont construits sur des rapports de pouvoir et des constructions culturelles.

C’est à l’encontre de l’institution, c’est vrai; mais alors, pourquoi les classiques? Parce que l’institution doit légitimer quelque chose (et donc pas n’importe quoi).

Un discours institutionnel porte un pouvoir.

Le statut symbolique du philosophe

Le sexisme de la philosophie (Shapiro, 2016).

Ce ne sont pas que les auteurs qu’on lit qui change; c’est aussi ce qui constitue la discipline! (Ex. les femmes ne parlent pas des mêmes thèmes que les hommes.)

La philosophie et l’institution : la philosophie est une non discipline