L’espace numérique n’est pas un espace parallèle, c’est l’espace principal de notre vie [...]. Il devient fondamental donc de veiller à que cet espace promeuve – ou du moins permette – les valeurs auxquelles nous sommes attachés – peu importe de quelles valeurs il s’agit.
Pourtant, les travaux sur les effets du TBI ont confirmé l’absence de renouvellement des pratiques pédagogiques.
Tout ce que la technologie rend possible tend à se transformer en une obligation dans nos vies, puisque ces possibles sculptent le monde selon leurs caractéristiques propres. La puissance technologique impose son rythme, sa logique et sa dynamique.
Il devient fondamental donc de veiller à que cet espace promeuve – ou du moins permette – les valeurs auxquelles nous sommes attachés […]
«La révolution numérique est, à maints égards, incompatible avec la transition écologique.»
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, le numérique n’est pas une panacée permettant de faire face aux enjeux environnementaux.
[...] Ces objets existent dans une infrastructure très coûteuse et très matérielle [...], faite de serveurs, de câbles et même de pompes à eau pour refroidir les circuits.
Elle ne serait donc guère plus écologique que les traditionnelles industries chimique et pétrolière. Cela est sans compter que, par une stratégie commerciale, téléphones intelligents et tablettes deviennent rapidement désuets.
Par ailleurs, sur le plan social, on exploite des populations pauvres pour fabriquer à relativement bon marché des produits pour lesquels énormément d'argent est dépensé en marketing, qui dégagent une importante marge de profit au bénéfice de quelques grandes compagnies.
Il s’agit d’une exploitation peu éthique des ressources qui profite de la précarité de pays pauvres ou ravagés par des conflits. On observe notamment dans ces pays une insalubrité des conditions de vie et de travail, l’exploitation d’enfants, etc.
L’organisme sans but lucratif FACiL, dont le mandat est de promouvoir l’adoption, l’usage et la démocratisation de l’informatique libre, signale qu’une grande partie de l’offre de produits et de services de l’industrie du numérique soulève des enjeux au regard de l’atteinte à la liberté et aux droits ainsi qu’à l’environnement.
Plus une personne est familière avec le fonctionnement des technologies, moins elle est dépendante des géants du Web.
[...] le recours aux logiciels libres devrait être encouragé.
Comme les entreprises privées fonctionnent selon le modèle d’affaires des licences renouvelables, leur confier la gestion des logiciels de base ou celle des ressources éducatives signifie que le système devra assumer des coûts récurrents pour avoir accès à des ressources jugées nécessaires à l’éducation.
Cette situation comporte en outre le risque d’une perte du contrôle des orientations du système éducatif, qui devient tributaire des contenus proposés par des entreprises.
Quoi qu’il en soit, la remise en question de l’efficacité de l’enseignement par le numérique n’évacue pas la responsabilité d’enseigner au numérique. (p. 49)
En situation d’apprentissage et d’évaluation, l’accent devra être mis sur la pensée logique, la démarche de résolution de problèmes et la compréhension des algorithmes (la programmation et la robotique sont des façons de faire parmi d’autres).
Intégrer la compétence numerique aux apprentissages et les évaluer de façon transversale et authentique.
La prise en compte des compétences transversales, l’apprentissage de la créativité, les formes nouvelles de pédagogie, tout cela manque encore souvent cruellement dans les cursus de formation. Nous sommes à l’orée d’une transformation majeure de l’enseignement et de la formation sans laquelle nous ne pourrons aborder le développement et la diffusion de l’intelligence artificielle.
Pour continuer à exercer une citoyenneté responsable à l’ère du numérique, nous devons appréhender nos technologies quotidiennes. Il ne s’agit pas de devenirs tou(te)s des ingénieur(e)s informatiques, mais d’être capables de comprendre les enjeux du numérique pour connaître le modus operandi d’un moteur de recherche d’information ou prendre conscience des enjeux des algorithmes de personnalisation derrière ces mêmes moteurs de recherche.
Jusqu’à maintenant, l’intelligence artificielle, qui se nourrit de données personnelles, s’est développée surtout en fonction d’intérêts commerciaux. L’éducation a un rôle à jouer pour qu’elle ne demeure pas une boîte noire pour la population et que nous devenions collectivement plus compétents pour encadrer le déploiement du numérique et de l’IA, dont le développement devrait se faire dans le respect de la diversité des personnes.