L’unité entre la pensée et la pratique
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Qu’est-ce que le design?
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Quelle est sa démarche?
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Quelle est son but, sa fin?
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Comment intervient la philosophie?
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Quel dialogue pour ces deux disciplines?
Le design ne serait qu’un arbitraire exercice de créativité, une discipline de l’ornement et des fioritures, qui ne fait que projeter des signes pour ajouter de la valeur perçue aux objets.
(Image via Image Object Text)
Le design trouve sa principale source d’application dans le marché. C’est une forme d’art appliquée aux objets dans le but de nous faire consommer davantage.
Peu de professions sont plus pernicieuses que le design industriel. Il n’y a peut-être qu’une seule autre profession qui soit plus factice : le design publicitaire, qui persuade les gens d’acheter des objets dont ils n’ont pas besoin, avec de l’argent qu’ils n’ont pas, afin d’impressionner d’autres gens qui s’en moquent. Le design industriel, qui élabore des sottises vulgaires vantées par les publicitaires, arrive en deuxième position.
— Victor Papanek, Design pour un monde réel (1971)
Qui a décidé de devenir designer s’est décidé contre la bonté pure.
— Vilém Flusser
Le design est l’un des principaux agents qui nous enferment dans le système quasi total du consumérisme contemporain
Hal Foster (2002), critique d’art américain
Le design se réduit-il au «beau utile»?
Le marché comme (seule) raison d’être du design?
Induire à la consommation, est-ce là le vrai but du design?
Le design comme projet : un dualisme dans la méthode de conception
dessein + dessin = design
(Michel Dallaire, Angel Care)
La démarche du designer commence lorsque celui-ci détecte un problème, un irritant, une insatisfaction dans le monde.
Cette dimension de saisie et de compréhension est avant tout sociale.
Modèle de l’acte de design inspiré d’A. Findeli et augmenté par S. Vial
(en termes philosophiques : c’est à la fois une ontologie et une phénoménologie)
(c’est donc une épistémologie)
faire du design, ce n’est pas donner forme à un produit plus ou moins stupide pour une industrie plus ou moins luxueuse. Pour moi le design est une façon de débattre de la vie
— Ettore Sottsass, designer italien
(c’est donc une éthique)
Le design, c’est l’art d’enchanter le monde par les formes.
— Stéphane Vial, Court traité du design (2010)
Frank Gehry – Lou Ruvo Center for Brain Health
Le but du design est d’améliorer ou du moins de maintenir l’habitabilité du monde dans toutes ses dimensions.
— Alain Findeli
d’après Stéphane Vial
Le Macintosh d’Apple
Le Bixi de Montréal
Un casque de réalité virtuelle
Le design, par sa fusion avec le marketing, est devenu une discipline du mensonge et des apparences.
La dissociation entre l’être (le noumène) et sa manifestation (le phénomène) est presque totale.
Syllogisme :
L’industrie produit notre cadre de vie;
Le design dessine l’industrie;
C’est le design qui détermine notre cadre de vie.
La responsabilité du designer se limite-t-elle à la simple élaboration d’un objet destiné à être consommé?
Le marché peut-il encore être la raison d’être du design?
Quelle fin pour le design?
Il n’y a pas de design sans moralité
— S. Vial, Court traité du design
Un artiste peut choisir d’être ou non responsable des autres êtres humains, tandis qu’un designer le doit, par définition
— Paola Antonelli (Interview : Design has been misconstrued as decoration)
Parce que je suis un designer et étant donné que par définition je travaille pour l’industrie, que l’industrie est l’équivalent du Capital et que ce dernier fait la guerre, etc., ils me rendent donc responsable de la guerre du Vietnam. Ils m’accusent aussi d’être responsable des morts de la route car c’est le Capital qui produit les voitures ; et pour ces mêmes raisons, je devrais aussi assumer la culpabilité des suicides dans les villes.
— Ettore Sottsass, Je suis très méchant (1973)
Le design c’est une culture du projet qui intègre un ensemble de valeurs, de réflexions sur des thèmes spécifiques et d’instruments conceptuels.
(cf. Ezio Manzini)
Peut-on continuer à simplement faire du design par et pour le marché, en restant aveugle aux questions politiques, sociales et environnementales?
Le design doit-il œuvrer pour accoître la compétitivité et la différenciation sur le marché, ou doit-il plutôt se tourner vers la durabilité et la qualité de vie?
La question n’est plus de savoir si le design doit ou non composer avec le marché, mais comment il doit le faire.
Être designer, c’est prendre une position morale. Aujourd’hui, c’est prendre position sur la question du marché […]
— S. Vial, Court traité du design
_(formulée à la manière de l’impératif catégorique)_
Agis de telle sorte que tu traites le marché, aussi bien dans ta personnalité de designer que dans tes projets de design que tu offres aux usagers, toujours simplement comme un moyen et jamais en même temps comme une fin.
— S. Vial
Ce n’est plus le marché qui est la question centrale du design (ni l’esthétique d’ailleurs) : c’est l’environnement.
Cradle to grave cradle (C2C), ou le recyclage infini
_(méthodologie de conception)_
(Image via EPEA)
L’idée d’un design fondé sur l’environnement devient instantanément révolutionnaire, selon Papanek (1971), puisque tous les systèmes politiques sont fondés sur le postulat de la consommation, ce qui revient à «faire couler le radeau Terre».
L’attitude écologique est une forme de design social (et vice-versa).
Agis de façon à ce que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur Terre.
— Hans Jonas
Dieter Rams et les 10 principes du bon design
Dieter Rams (via Vitsœ)
Un bon design est honnête : il ne projette pas plus d’innovation de puissance ou de valeur que le produit n’en a véritablement. Il ne tente pas de manipuler le consommateur avec des fausses promesses.
Une radio portative par Dieter Rams
Dieter Rams et les 10 principes du bon design (via Vitsœ)
Quelle est la place de l’être humain dans le monde, parmi les machines, les autres êtres vivants et son environnement?
*(question ontologique)*
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Il faut faire du «design pour la vie» (cf. Lászlo Moholy-Nagy, designer hongrois)
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Le design est un triple effet : effet de beauté, de société, mais surtout d’expérience.
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Le design est d’abord moral : c’est une éthique avant une esthétique.
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Le design est à la fois une façon de comprendre et d’agir sur le monde : c’est une épistémologie pratique.
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La pratique du design est sociale par nature et critique par nécessité (cf. Gauthier, Proulx et Vial).
Le design répond à un besoin fondamental : celui d’enchanter l’existence à chaque instant.
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(cf. Stéphane Vial – oui, encore lui)
Louis-Olivier Brassard